Déjà célèbre pour posséder le plus haut volcan de tout le Système solaire, Mars compterait désormais un monstre volcanique de plus. Situé entre Noctis Labyrinthus et Valles Marineris, ce nouveau volcan de 450 kilomètres de diamètre et plus de 9 kilomètres de haut est pourtant passé inaperçu pendant plus de 50 ans d’exploration de la surface de la Planète rouge.


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    Quand on parle de volcansvolcans sur Mars, on pense immédiatement à Olympus Mons ou mont Olympe. Ce gigantesque édifice de plus de 22 kilomètres de haut et de 648 kilomètres de diamètre (il couvrirait presque toute la France !)) est en effet un véritable monstre dont la silhouette imposante marque indéniablement la surface de la Planète rouge. Mais ce n’est pas le seul volcan géant présent sur Mars. Trois autres titanstitans sont bien visibles : Ascraeus Mons, Pavonis Mons et Arsia Mons. À la file indienne, ils forment l'alignement dit de Tharsis Montes, situé au sud-est de leur grand frère et à proximité de Noctis Labyrinthus, le Labyrinthe de la Nuit.

    Olympus Mons est le plus grand volcan du système solaire © Science-illustrer, Adobe Stock
    Olympus Mons est le plus grand volcan du système solaire © Science-illustrer, Adobe Stock

    Un géant passé inaperçu pendant 50 ans !

    Pourtant, le portrait de famille ne serait pas complet. C'est ce qu'a révélé une équipe de scientifiques lors de la 55eLunar and Planetary Science Conference. Des résultats relayés par l’Institut Seti. Non loin de l'alignement de Tharsis Montes, un quatrième volcan a en effet été récemment identifié. Et ce dernier n'a rien à envier à ses voisins. L'édifice mesurerait ainsi 450 kilomètres de diamètre, pour une élévation actuelle de quelques 9 000 mètres ! Alors que la surface de Mars est scrutée en détails depuis le début des années 1970, on se demande bien comment ce géant a pu passer inaperçu pendant tout ce temps.

    Il suffit de regarder la carte de Mars pour se rendre compte qu'effectivement, sa présence ne saute pas aux yeuxyeux. Alors que les monts Olympus, Ascraeus, Pavonis et Arsia possèdent en effet encore tous une morphologiemorphologie très caractéristique, ce nouveau volcan, dénommé « Noctis » (de façon provisoire), a une silhouette bien plus discrète. Et pour cause : il a été très largement érodé.  

    Carte géologique de Mars présentant les volcans bien connus <em>Olympus Mons</em> et ceux de <em>Tharsis</em>, mais également le « nouveau » volcan de <em>Noctis</em> (cercle). © Image de fond : modèle digital d'élévation de Nasa <em>Mars Global Surveyor </em>(MGS), <em>Mars Orbiter Laser Altimeter</em> (Mola). Interprétation géologique par Pascal Lee et Sourabh Shubham 2024
    Carte géologique de Mars présentant les volcans bien connus Olympus Mons et ceux de Tharsis, mais également le « nouveau » volcan de Noctis (cercle). © Image de fond : modèle digital d'élévation de Nasa Mars Global Surveyor (MGS), Mars Orbiter Laser Altimeter (Mola). Interprétation géologique par Pascal Lee et Sourabh Shubham 2024

    Des dépôts volcaniques qui recouvrent un ancien glacier

    Ses restes gisent à la limite entre la zone intensément fracturée que représente Noctis Labyrinthus et le célèbre canyon géant de Valles Marineris, le plus long et profond du Système solaire. Les scientifiques l'ont identifié un peu par hasard en étudiant la géologiegéologie de cette zone, où les restes d'un glacierglacier ont été découverts l'année dernière, grâce à l'observation de sels de sulfate. Les observations révèleront en effet que cet ancien glacier est enfoui sous une couche de sédimentssédiments d'origine volcanique. En y regardant de plus près, les chercheurs découvrent alors que tout l'ensemble de canyons et de plateaux situé dans la partie est de Noctis Labyrinthus est en réalité de nature volcanique et correspondrait aux restes érodés d'un ancien et très vaste volcan. Les chercheurs identifient alors ce qui semble être une ancienne caldeiracaldeira située au centre de la structure. Une analyse détaillée de la nature du sol révèlera de plus la présence de coulées de laveslaves, de dépôts pyroclastiques (cendres, pierres poncesponces, tephras) et de minérauxminéraux hydratés typiques d'un environnement volcanique dans un rayon de 225 kilomètres autour de ce point central. Autant de preuves qui attestent bien de la présence d'un ancien volcan.

    Détails du volcan <em>Noctis</em>, très largement érodé. © À gauche : image de Mars Express HRSC, ESA/DLR/FU Berlin CC BY-SA 3.0 IGO ; À droite : modèle digital d'élévation Nasa MGS Mola. Interprétation géologique par Pascal Lee et Sourabh Shubham 2024
    Détails du volcan Noctis, très largement érodé. © À gauche : image de Mars Express HRSC, ESA/DLR/FU Berlin CC BY-SA 3.0 IGO ; À droite : modèle digital d'élévation Nasa MGS Mola. Interprétation géologique par Pascal Lee et Sourabh Shubham 2024

    La zone où a été précédemment identifié l'ancien glacier arbore d'ailleurs une étrange morphologie : sur 5 000 km2, les dépôts volcaniques présentent en effet des sortes de petits monts, qui auraient été produits par des dégagements de vapeur alors qu'une fine couche de matériaux volcaniques chauds se seraient déposés sur une surface riche en glace d'eau, donnant au terrain cet aspect « cloqué ». L'extension de cette zone au relief bien particulier suggère que le glacier caché pourrait être bien plus vaste qu'on ne le supposait auparavant.

    Lave et glace, une intéressante combinaison pour la recherche de vie sur Mars

    De toute évidence, la silhouette actuelle du volcan Noctis montre qu'il a connu une histoire complexe. Pour les chercheurs, il s'agirait à l'origine d'un grand volcan bouclier, constitué d'une accumulation de lave, de cendres et de glace. Le volcan aurait semble-t-il été largement fracturé par le soulèvement de la région de Tharsis, liée à la mise en place des autres volcans. Cette fracturation aurait entraîné des remontées de lave à de multiples endroits, menant à la fonte des glaciers et ainsi à l'effondrementeffondrement de ses flancs.

    Par la suite, l'installation de nouveaux glaciers aurait contribué à éroder le volcan, creusant les vastes canyons qui le caractérisent aujourd'hui.

    Cette combinaison entre un volcan actif et des glaciers rend ce volcan particulièrement intéressant aux yeux des scientifiques. Car le combo chaleur-eau aurait pu faire de ce volcan un lieu privilégié pour le développement de la vie. Reste à savoir quand ce volcan a été actif et pendant combien de temps. De fait, le volcan Noctis devient l'un des sites d'atterrissage possibles et privilégiés pour de futures missions, robotiquesrobotiques ou humaines.